Graffitis et tags

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Le graffiti est une des branches les plus anciennes du Hip-Hop.


Dès la fin des années soixante apparaissent sur les murs de New York des fresques polychromes, œuvres des membres de la communauté latino-américaine, qui ont pris l’habitude de décorer ainsi les murs de leurs quartiers. Parfois teinté de religion et inspiré par les muralistes mexicains, les comics (bandes dessinées) et les cartoons (dessins animés), cet art primitif et naïf, narratif et souvent pédagogique (il raconte l’histoire d’un quartier) est récupéré par les adolescents noirs qui lancent le tag. Semblable à un hiéroglyphe, ce graffiti est une signature stylisée et enrichie de mille détails visuels qui représentent son auteur. Son tag mis au point, le graffiteur (ou « graffeur ») s’emploie à diffuser son nom et les talents graphiques qui l’accompagnent, le plus souvent illégalement, sur toutes sortes de supports comme les murs des usines désaffectées et les squats, les murs du métro et le métro lui-même (assurant ainsi à sa signature une diffusion à travers toute la ville), les lieux publics, les panneaux publicitaires, etc...


Suite à cette effervescence, certains graffeurs, New-Yorkais ont voyagé et apporté cette pratique en Europe. La scène européenne se développe au début des années 1980, notamment grâce à Futura 2000 (célèbre graffeur de l'underground New-Yorkais, ayant participé à plusieurs tournées mondiales avec Afrika Bambaataa, Fab Five Freddy, Ramellzee, le Rock et Steady Crew). Le terrain vague de La Chapelle devient terrain d’élection des graffiteurs parisiens qui y organisent chaque dimanche, en compagnie de DJs et de rappeurs, des Blocks Parties à la française, nouvelle culture popularisée par des artistes comme Keith Haring et Jean-Michel Basquiat dans le cadre de l’art contemporain et de ses lieux d’expositions institutionnels.

C'est le Hip-Hop qui amène cette forme d'expression à son paroxysme et aide au développement de son côté artistique.

Chez les Hip Hop heads, le graffiti est un art qui tente de " colorer " le lugubre milieu urbain, en s'inspirant paradoxalement de la rue. Si les tags peuvent s'adapter sur tout les supports urbains, les graffs et les fresques, eux, sont le plus souvent réalisés sur les murs des espaces délaissés, et à l'abri des regards.

 


Le graffiti se compose de nombreux courants, et adopte de nombreuses techniques. Le style le plus répandu, dit « hardcore », assimilé au tag, consiste pour le graffeur à laisser sa marque sur les murs des villes sous forme d'une signature (blaze), plus ou moins travaillée et lisible, ou encore sous forme de chromes. Ces derniers sont des peintures textuelles massives, sans détails, généralement bicolores, noir et gris métallisé. Même dans la catégorie des chromes, plusieurs styles existent, et si certains préfèreront la rapidité et la simplicité d'une forme basique, d'autres joueront avec des effets de relief, ou sur la forme des lettres. Cette dernière variante est très utilisée aux Etats-Unis, par les différents gangs, chacun d'entre eux ayant une signature propre. Dans tous les cas, ces tags ont pour unique but d'impressionner, plus par la difficulté et les risques encourus par la pose du graffiti, que par la qualité visuelle, ou bien encore de marquer un territoire.

En ce qui concerne les tags, il est difficile de parler d'art, étant donné que ces graffitis entraîne une dégradation de plus en plus évidente de certains bâtiments, lesquels, du fait de cet aspect délabré, entretiennent la laideur des zones périurbaines et des banlieues. Les villes de France (notamment Paris) consacrent une partie non négligeable de leur budget municipal au nettoyage des bâtiments tagués, d'autant plus que les tagueurs portent peu d'importance au choix des murs sur lesquels ils posent (que ceux-ci soient anciens, historiques ou neufs), le principal étant l'exposition de la peinture au plus grand nombre. C'est pourquoi le tag constitue la partie la plus critiquable du graffiti urbain, et aussi celle portant atteinte à l'image des graffs et fresques qui, eux, sont souvent de véritables oeuvres d'art exposées à la vision de tous, égayant le triste paysage urbain.


Ces derniers, les graffs et fresques, sont d'authentiques tableaux colorés, s'inspirant généralement de la rue. Ceux-ci peuvent n'être que des écritures extrêmement travaillées, où les lettres se mélangent en prenant des formes inhabituelles et complexes, et où les couleurs sont choisies à bon escient, afin de refléter ce que souhaite transmettre l'auteur.

 Les effets graphiques de ce style de graffiti sont multiples et s'inspirent de techniques artistiques comme les dégradés, nuances, différents tons, contrastes chaud/froid… Ces graffeurs tendent à une démarche réellement artistique, retraçant sur les murs et les trains une certaine vision du monde qui les entoure. Parmi les aerosol-artists actuellement reconnus sur la scène française, on peut citer André, les MAC, la Truskool ou encore la GreamTeam.

Pourtant, tous ces styles tendent à se recouper, adopter des techniques propres à leurs voisins. En
effet, les tags servent, par définition, de signature, donc les graffeurs utilisent ce style pour signer leurs œuvres, afin que l'on identifie l'auteur. De même, parfois, ils se servent du tag pour insérer une courte phrase dans leur graff. Enfin, l'on peut dire que la répression actuelle renforce les positions des différentes écoles et de leurs adeptes, les uns se radicalisant dans le vandalisme et les autres cherchant à être véritablement des peintres, officiant parfois sur des murs autorisés, éventuellement en étant rémunérés pour le faire.

Si le graffiti est aujourd'hui relayé au second plan dans la culture Hip-Hop, au profit du rap, il n'en reste pas moins le moyen d'expression le plus utilisé dans les banlieues. Aujourd'hui, le graffiti souffre d'un manque de reconnaissance, aussi bien de la part de l'opinion publique que du milieu Hip Hop. En effet, peu de clips de rap laissent encore une belle place aux graffitis. L'époque où Assassin reprenait en tags les rimes du refrain de " Sérieux dans nos affaires ", ou celle, pas si lointaine, du clip de "That's my people" qui se terminait par un graff représentant le blaze du Suprême NTM, semble aujourd'hui bien loin et révolue. De même, la traque des graffeurs par l'État et la justice, semble s'intensifier. Les positions se durcissent et la SNCF, lassée d'affecter des sommes colossales au nettoyage de ses trains, a tenté en vain de faire interdire la diffusion de photos de trains tagués, jugeant que cela favorisait la prolifération des tags et autres graffs, en incitant les gens à se lancer. 



Aujourd'hui, le mouvement graffiti se compose de différentes personnalités, aux ambitions très variables. Les graffeurs " posent " seuls, ou en équipe (crew) comme les BBC ou encore TCK.
Cette partie intégrante du mouvement Hip Hop est devenue un art à part entière, un art majeur qui a fait la transition entre le siècle dernier et le nouveau millénaire.

Publié dans hype-pop

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